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La critique Partie 1 sur 3
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Si tu veux pas être critiqué, il faut faire des trucs que tu montres à personne. Dès que tu fais quelque chose pour les autres, tu es évalué, examiné et jugé. Tu donnes le meilleur de toi-même, mais c’est jamais assez bien. T’es tout fier de faire tes premiers pas sans tomber, mais vu de l’extérieur, t’es un débutant qui vacille. Tu chantes faux, ton projet est mal conçu. tu t’es planté de route et ton GPS te dit de faire demi-tour. Tu fais quoi ? Tu l’engueules ? Tu l’éteins ? … Ou tu acceptes d’écouter les critiques qui piquent comme du désinfectant, mais qui évitent aux plaies de s’infecter ?

Le texte

Je te connais pas, mais peut-être que tu t’en fous de l’opinion des gens ?

Bravo ! Peut-être que t’es cash, toi, tu dis ce que tu penses, même si ça plaît pas !

Double bravo. Alors là, tu m’impressionnes… pas du tout parce que tout le monde prétend la même chose, et je pense pas que tu sois le sage du siècle.

La critique, on la balaie un peu comme ça, alors c'est une interaction sociale hyper-complexe. C'est un cadeau aussi facile à donner qu’il est difficile à recevoir.

"Oh des fleurs ! Merci ! Il fallait pas"

"Oh une critique ! Merci, mais il fallait vraiment pas"

Quand on parle de critique, on entend plutôt “critique négative”. Par exemple : “Wouah, mais comme il est trop beau, ce tableau !”; Là, tout va bien, tout le monde est content.

Par contre, si tu dis : “beurk ! J'ai jamais vu un truc aussi moche !”. Alors là, à tous les coups, y'a quelqu'un qui va te dire : “Mais ne juge pas ! Dis juste que tu n'aimes pas !”.

Voilà : donc les trucs peuvent être beaux mais pas moches.

Tant que notre jugement reste dans notre tête, tout va bien. C’est quand on le verbalise que ça grince.

Entre “penser que ce tableau est moche” et “dire qu’on pense que ce tableau est moche”, c’est pas pareil.

Abonne-toi à ma chaîne si c'est pas encore fait, parce que je vais prochainement lancer un concours du dessin le plus moche.

Si tu veux pas être évalué comme une machine à produire des résultats, bah t’as qu’a faire des trucs que tu montres à personne, comme jouer en solo à des jeux vidéo, ou collectionner des étiquettes de fromage, par exemple.

Ou alors, tu te lances dans une activité impossible à juger, comme la voyance, par exemple.

On peut pas critiquer l’avenir, puisque puisqu’il n’est pas encore là. Et on ne se souviendra que des prédictions qui seront tombées juste, comme par hasard.

Mais si t'as l’ambition de proposer au public une prestation mesurable, là, c’est pas la même tisane.

Par exemple, t'as écrit un roman, mais bon, tu te rends compte que l’histoire, elle est un peu bancale et il reste même des fautes d’orthographe, donc.... Inutile de dire que tu vas pas trouver une maison d’édition demain matin (à part certains escrocs qui vont te faire croire que t’es digne du prix Goncourt alors qu’ils ont même pas lu ton texte juste pour te facturer des tonnes de frais)

Mais les vrais éditeurs, par contre, alors là, eux, ils vont te stopper net dans son élan.

T'arrêter comme un criminel pour outrage à la langue française.

Ah ben ouais, y'a des règles à respecter !.

C’est comme en sport : faut bien qu'on puisse juger si tel coup est légal, ou tel ballon hors-jeu.

Quand on transgresse la loi, y’a toujours une sanction; que ce soit de la prison, un penalty ou le simple refus d’édition d’un manuscrit.

La critique toute simple, elle, elle a pas de conséquence, elle est gratuite.

C’est bizarre, le vocabulaire, parce que quand on parle de critique gratuite, on entend “gratuitement méchante”, comme si on voulait nous la faire payer cher.

En fait, les critiques les plus intéressantes sont désintéressées.

Ce qui nous fait le plus mal au cul, c’est l’injustice : l’impression de faire mal alors qu’on croit bien faire.

Tu donnes le meilleur de toi-même au monde, mais le monde, il te le recrache à la gueule.

Toujours pas assez bien pour lui.

Hé ouais : la bonne volonté, ça remplace pas le talent.

Relativise : c’est pas toi qui est remis en cause, c’est pas ta vie, c’est juste ce que tu es en train de faire : ton premier poème, ton premier plan d’architecte, le premier cours que tu donnes.

C’est un peu logique d’être fier d’avoir eu le courage de se lever tout seul pour faire nos premiers pas.

Mais vu de l’extérieur, on voit bien que t’es un débutant qui vacille, même si t'es tout content de pouvoir marcher un peu sans tomber.

Je te connais pas, mais si tu maîtrises bien ton sujet, tu dois bien te marrer en te rappelant à quel point tu confondais tes premiers essais tout pétés avec des chefs-d'œuvre.

Faut pas se leurrer : ton premier gâteau, ta première compétition, ton premier client, ce sera un peu le bêtisier de ta future carrière.

Imagine que la première fois que tu prends une raquette en mains, tu joues mieux au tennis que Federer ! … Eh ben, tu pourrais plus jamais progresser, puisque tu serais immédiatement parfait.

C’est con, parce que le chemin qui mène au but est au moins aussi intéressant que le but lui-même, non ?

Pour s’améliorer, la base, c’est d’admettre qu’on n’est pas parfait, ni même bon, on est même normalement mauvais puisqu'on a aucune expérience.

Un bébé qui naît, c’est la chose la plus merveilleuse de l’univers pour la maman.

Pour le reste du monde, par contre, c’est plutôt un truc fragile, bruyant et qui sent pas très bon.

On va pas se mentir : les projets des autres sont toujours moins passionnants que les tiens, même s'ils t'en parlent comme de leur enfant.

Tu n’arriveras à emmener les gens dans ton monde que quand ton projet sera bien au point, prêt à être adopté !

Parce que là, ouais, tu chantes faux. Non, ton portrait, il est pas ressemblant. Oui, tu t’es planté de route et ton GPS te dit de faire demi-tour. Tu fais quoi ? Tu l’engueule ? Tu l’éteins ? … OK, mais tu t'éloignes de plus en plus de là où tu voulais aller, on est d'accord.

Tant que ton projet reste à l’état de fantasme, tout le monde va trouver ton idée géniale.

Mais le jour où tu transformes ton rêve en ambition concrète, là, tu vas voir les mêmes personnes qui vont changer de ton :

“Quoi ?! Mais t’es fou ! Non mais attends, ça va pas ! Fais attention à ceci, à ça… Le marché est complètement saturé ! Bla bla bla, bli vli vli, blo blo blo…”

Tu constateras que t’es bien plus sensible que tu croyais au regard des autres, qui constateront de leur côté que la franchise, c’est vraiment un truc qui peut tuer !

Ah, des critiques, t’en verras de toutes les couleurs : y’en a qui vont tout bien regarder en détail, là, comme des détectives, et d’autres qui vont se contenter de : “Mais c’est nul !” ou alors “J’ai rien compris du tout !”

ou alors mieux “Mais c’est géniaaal !”, C’est bien, hein, c’est sympa, mais bon, tu seras pas plus avancé.

Oser demander des avis sincères, c’est un peu croquer dans un piment. C’est chaud !

La critique, c’est un peu comme un désinfectant, mais ça pique tellement que des fois, on peut être tentés de s’en passer, et de laisser ses blessures s’infecter.

Tu auras sûrement envie de te justifier à chaque remarque : critiquer la critique.

Mais “Justifier”, est-ce que c’est pas désespérément essayer de faire croire que ce qui sonne faux sonne juste ?

Mais Noooon ! Ne te justifie pas ! Écoute les critiques pour surmonter tes faiblesses, pas pour expliquer que c’est normal que tu réussis pas.

Qui veut trouve un moyen. Qui ne veut pas trouve une excuse.

Fais comme les acrobates : tu tiens bon, et tu lâches prise quand il faut.

Tiens bon face à la critique injustifiée, ou sans argument,

mais accepte aussi de tendre la main à la critique qui tape juste, parce qu’elles peut peut-être t’éviter des gros problèmes !

Y’a deux genres de personnes qui n’arrivent jamais à rien :

Celles qui ne font que ce qu’on leur dit de faire, qui n’arrivent jamais à faire autre chose que de marcher bien dans les clous, et celles qui n’écoutent jamais personne, qui traversent la route comme ça, sans regarder.

Fais la différence entre ce que tu fais VRAIMENT MAL et ce qui ne plaît simplement pas aux autres, parce que c’est pas du tout pareil :

si tu veux ouvrir une boucherie et que tu demandes l’opinion de tes amis véganes, ça peut être la meilleure du monde, ça leur plaira pas.

Quelle que soit la qualité de ce que tu proposes, y’aura toujours des mécontents, toujours.

Pense à un film que t’aimes tellement que tu vois même pas comment on pourrait en dire du mal. Pourtant, si tu cherches des critiques négatives, je t’assure que t’en trouveras.

Et au contraire, les pires trucs, y’aura toujours des gens qui apprécient. Regarde cette vidéo : Y’a des “J’aime”.

Mais quelque part, est-ce que c’est pas rassurant de savoir que, quel que soit ce que tu fais, y’aura toujours quelqu'un qui aimera ça ?

Il faut distinguer la qualité de la popularité.

Si tu me fais le plaisir de cliquer sur “J’aime”, juste là maintenant, ça n’augmente pas la qualité de cette vidéo comme par miracle, ça augmente juste sa popularité d’un pouce.

Si tu produis de la merde mais que les gens adorent, eh bien, ils voteront pour toi : la démocratie, c'est permettre au peuple de se croire compétent à juger du meilleur, par le biais du scrutin.

La véritable qualité, par contre, elle est censée être évaluée par un tout petit nombre de gens censés être des connaisseurs:

Les examinateurs, les juges, les arbitres, les pairs et les experts].

Et la pérennité, c’est faire de la qualité que les gens adorent.

On critique tout le monde : nos collègues, nos concurrents qu’on rabaisse artificiellement, pour nous élever mécaniquement.

On critique aussi les losers, les faibles, les moches. pour se rassurer d’être bien sûrs de pas en faire partie

Et on critique aussi les winners, les riches, les puissants, comme dans les journaux people.

On met les doigts dans leurs failles pour bien montrer que comme tout le monde, ils pètent au lit, et ils ressemblent à rien quand ils ont pas de maquillage.

Certaines marques ou personnes sont critiquées juste parce qu'elles sont célèbres, comme McDonald's, FaceBook, Bill Gates ou Jul par exemple. Il suffit de rater ou de réussir pour être critiqué. En fait, il suffit d’exister, quoi !

L’auteure de Harry Potter , elle s’est fait jeter par plusieurs éditeurs avant que son roman ne soit finalement accepté, t’y crois, ça ?

Eh ouais : tu vois, il suffit de frapper à la bonne porte au bon moment pour que le génie qui sommeille en toi soit finalement reconnu.

Non, pas du tout, non ! Faut arrêter les conneries ! Harry Potter, c’est l’exception qui confirme la règle : si tu gagnes pas au loto, c’est pas parce que tu joues au mauvais moment, ou dans la mauvaise ville. C’est plutôt probablement parce que tes numéros ne sont pas bons. Pas encore. Pas tous.

Je sais pas si t’as remarqué, mais on se permet de faire des observations à quelqu’un qui a un peu de ventre, mais face à un obèse de 200 kilos, on n'ose plus rien dire !

Pas par peur, par pudeur ! … Oui, parce qu’il va pas te courir après pour te péter la gueule !

Et d’un autre côté, celui qui n’a pas un gramme à perdre, ben on lui dit rien non plus.

En fait, on ne réagit pas dans deux cas : quand il y a trop à dire, ou quand y’a rien à dire.

Et de son côté, celui qui a un petit bidon, il admet facilement ne pas avoir la silhouette d’un gymnaste, tout comme il se rassure de constater qu’il n’a rien à voir non plus avec des malades si énormes qu’ils tiennent même plus debout.

Quand on est conscient de nos qualités et nos défauts, on est moins sensibles à la critique.

Si on me dit que je parle mal le français, je m’en fous, puisque je sais que c’est faux.

Et si on me traite de mauvais danseur, je m’en fous aussi puisque je sais que c’est vrai.

La critique est à la fois utile et difficile à entendre quand elle se dresse entre nous et nos croyances.

C’est pas évident d’admettre qu’on est moins bons qu’on croyait dans certains domaines, et meilleur qu’on pensait dans d'autres.

Voilà, donc si tu ne veux pas entendre les réponses, ne pose pas les questions.

Comment pourrait-on aimer être aimé si on ne détestait pas être détestés ?

Liens externes

Retrouve la vidéo et le texte écrit sur mon site : http://www.blackcoach.ch/Chapitres/Ch...

Dialogue d’anthologie entre Daniel Auteuil et Richard Berry sur le thème de la critique négative (https://youtu.be/CELz4ev6wPw)

Lettres de refus de l’auteure de Harry Potter, JK Rowling - http://bit.ly/LettresRefusRowling

Torturing nurse (Harsch noise) - https://youtu.be/HPxkUC09l1g

Avec et sans maquillage : Madonna - http://bit.ly/MadonnaSansMaquillage

Columbo - https://fr.wikipedia.org/wiki/Columbo

Logistique :

Auteur du texte et acteur : Michel Defawes (le Black Coach)

Montage : Michel Defawes

Relecture et corrections : “Les coulisses du Black Coach” (remerciements à tous les membres qui ont participé, et plus intensément à MoonlHam, Jeremy Bourdon, Sboon Pap, Joel Dumont, Antoine Empereur, Pim Pam, Jaws Berrebi).

Aide au Live : Natix

Soutien financier : toi, si tu en as envie, c’est ici : https://fr.tipeee.com/black-coach

Musiques :

"Echoes of Times", de Kevin Macleod (https://youtu.be/uRDDOlGlHpk)

"Virtual Light", de Houses of Heaven (https://youtu.be/Bx6kpcxEmb8)

“Spine Chilling Cardiac Tension”, de Biz Baz Studio (https://youtu.be/UQqJmSJ6JBI)

“Interloper”, de Kevin Mc Leod (https://www.youtube.com/watch?v=OMwkC...)

“Sea of Doom”, de Doug Maxwell (https://youtu.be/PNYGxRrVZmo)