00:22 • Plaisir de gagner <> volonté de nuire

01:25 • Réfléchir aux conséquences

02:04 • On n’envisage pas la suite

02:50 • Harceler = plaisir addictif

03:33 • Faible utilisation de notre cerveau

04:08 • La quantité fait le poison

04:39 • Responsables irresponsables

05:15 • Manipulation des adultes

05:40 • Justification du harcèlement

06:40 • Environnement vu par le harceleur

07:20 • Témoins passifs et adultes impuissants

07:54 • Arrêter de harceler pour sauver une vie

09:17 • Devenir bon pour le plaisir d’être reconnu

09:35 • Ta famille peut être harcelée

10:09 • La vie après s’être fait harceler

Plaisir de gagner <> volonté de nuire

Quand je joue a un jeu de société, où que je participe à un tournoi sportif, j'aime bien gagner, comme tout le monde, mais je ne me réjouis pas que mon adversaire ait perdu !

Comment dire ?

Si je gagne aux échecs contre un ordinateur, ça me fait plaisir ! Le programme, il s'en fout de perdre, et moi et ce qui me plaît, c'est de me sentir fort, pas que les autres se sentent faibles !

C'est très important de faire la distinction entre le plaisir de la victoire, et de se réjouir du désarroi de celui qui a perdu !

Parce que le harceleur, ce qui l'intéresse, c'est de se sentir fort, brillant, mais il se rend pas vraiment compte qu'il joue face à cet adversaire particulier qui n’a jamais l’occasion de rendre aucun coup dans cette guerre asymétrique, ce jeu pervers de domination-soumission auquel il n’a jamais souscrit.

Ca coûte cher, le harcèlement. Ça coûte un bras. Enfin deux bras, deux jambes, un corps, une tête : ça coûte un être humain qui va boîter de la cafetière toute sa vie.

Réfléchir aux conséquences

Un jour, j’ai trouvé une clé par terre, et je me suis dit : “Tiens ce serait marrant de la scotcher sur un papier avec un petit mot, comme ça : [Voilà la clé de chez moi, passe quand tu veux, je t’aime], et la glisser dans la boîte aux lettre d’un couple au hasard : que ce soit la femme ou le mari qui tombe dessus, ça va foutre un de ces bordels ! … Ça m’a fait rire. Mais je l’ai pas fait. parce que j'allais peut-être détruire un couple, ou même une famille complète.

Et ça, ça m’a pas fait rire.

On n’envisage pas la suite

On visualise pas toujours les conséquences de nos actes : l’ado qui commence à boire ou à fumer n’envisage même pas en rêve l’alcoolisme ou le cancer du poumon.

Dans le cas du harcèlement, t’imagines pas que ta victime puisse avoir envie de se soigner avec un suppositoire. Dans l'oreille.

Je te connais pas, mais peut-être que tu es un adulte et que tu te rends compte seulement maintenant que tu étais un harceleur quand t’étais gamin.

Et tu le vis très bien ! Tu as peut-être quelques remords juste là maintenant, mais sans plus.

Je suis sûr que le souvenir d’un chaton que tu aurais torturé serait bien pire dans ta mémoire qu’un camarade harcelé.

Harceler = plaisir addictif

Tourmenter chaque jour le même souffre-douleur, c’est s’adonner à une drogue addictive, dont les effets secondaires ne sont pas subis par l’agresseur, mais par la victime qui se fait fumer.

Hé ouais : c’est pas toi qui paies l’addition, harceleur.

Tu imposes une dépression.

Comme un père pédophile qui n’a pas conscience que pour assouvir son plaisir malsain, il viole quotidiennement le corps et l’âme de ses enfants, qui devront grandir ensuite, dans le dégoût permanent de leurs souvenirs innommables.

Comme toi, le harceleur, tu voles une enfance. Tu souilles une vie.

Faible utilisation de notre cerveau

C’est très rare qu’on utilise notre capacité de réflexion à 100%. Toi par exemple, tu regardes une vidéo, là; t’es pas en train de résoudre une équation compliquée.

Imagine quelqu’un d’un peu con, qui n’utilise aussi qu’une petite partie de son cerveau .

Et si en plus c’est un ado qui ne dispose donc pas d’une grande expérience de la vie qui lui permettrait de mesurer la conséquence de ses actes : voilà pourquoi on ne risque pas la tôle avant 18 ans : à quoi ça servirait de condamner l’inconscience ? A part assouvir la soif de vengeance des harcelés ou de leur famille, évidemment ?

La quantité fait le poison

Y a donc une bande de petits connards qui commettent ce qu'ils appellent des "taquineries" qui, prises une par une, s'apparentent à des blagues un peu pourries.

Mais quand on les empile, ces “blagues”, elles conduisent au drame, comme le dernier flocon qui tombe sur la branche qui n’en pouvait plus et qui craque sous le poids de la neige accumulée.

C’est la quantité qui fait le poison.

Responsables irresponsables

Une victime. Pas de coupable. Enfin, quelques responsables irresponsables.

Séquelles psychologiques difficilement prouvables.

Enquête classée sans suite .

Ouffff ! Tout le monde respire : harceleurs, témoins, parents des autres élèves, CPE, directeur, profs : on peut dormir tranquille : personne ne sera emmerdé par la justice. Il faut juste se taire et ne pas faire de vagues.

Manipulation des adultes

Toi qui t’apprête à devenir un harceleur, je comprends cet agréable sentiment d’impunité.

Tu sais depuis longtemps comment manipuler tout le monde en surjouant les émotions : ”J’ai rien fait - c’est pas ma faute - c’est lui qui a commencé” : le doute profite à l’accusé. L’histoire est toujours écrite par les vainqueurs, avec une plume trempée dans le sang des vaincus.

Justification du harcèlement

Tu peux même te sentir légitime parce que ton équipe de harceleurs est toujours d’accord avec ce proverbe que je viens d’inventer : “T’es coupable d’être victime. Si t’es harcelé, c’est que tu l’as bien cherché.”.

Mais au fond, qu’est-ce qui anime ta volonté d’anéantir cette personne, harceleur ? La haine ? Le mépris ? La vengeance ? La jalousie ? Essaie de comprendre pourquoi tu jubiles quand y’a un mec qui pète un câble devant toute la classe et qu’il se fait foutre dehors par le prof à ta place.

Ça me rappelle une fois, en randonnée, il faisait chaud, et j’avais plein de mouches qui me chatouillaient les jambes. J’avais beau les chasser elles revenaient me harceler instantanément… J’ai poussé un de ces cris “MAIS PUTAIN”, et tapé des pieds très vite par terre comme ça, comme si ça allait régler le problème !

Non seulement, évidemment les mouches étaient toujours là, mais en plus, les gens qui m’accompagnaient m’ont pris pour un fou !

Environnement vu par le harceleur

Harceleur, tu connais ton environnement par coeur comme une mouche à merde: la structure de l’école, les endroits non surveillé, les rapports entre les profs, les parents et les élèves.

Ta victime traquée est impuissante comme un cerf aux abois, tes co-harceleurs marchent dans tes pas, tes supporters-élèves te sourient pour se faire bien voir, à deux doigts d'applaudir, et le reste de la classe se tait, indifférente, ce que tu interprètes comme une approbation silencieuse. Cet ensemble de comportements t’encourage à devenir toujours plus méchant.

Témoins passifs et adultes impuissants

“Qui ne dit mot, consent”, c’est un vieux proverbe qui veut dire que fermer sa gueule c’est être d’accord, comme un vote blanc.

Eh oui : “se taire”, c’est “laisser faire” et ne pas attirer l’attention des adultes qui regardent ailleurs, sont aveugles ou ferment exprès les yeux pour échapper à ce douloureux sentiment d’impuissance à rétablir la justice et la bonne entente.

Harceleur, t’es le roi qui t'est élu tout seul,

pourquoi tu voudrais changer les choses ?

Arrêter de harceler pour sauver une vie

Parce que si par malheur, ça tourne au drame, ce sera trop tard pour présenter tes excuses à qui que ce soit, et tu ne pourras plus dormir qu’à l’aide de somnifères.

Je me rappelle, j’avais à peu près dix ans, mon père m’avait cassé les couilles, je sais même plus pourquoi, et pour me venger, j’ai huilé les freins de son vélo. Ca lui apprendra.

Puis j’ai pris conscience, dans ma tête de gamin de 10 ans , que je venais peut-être de le condamner à mort ou à la chaise roulante. Je fais quoi ? Je pouvais évidemment pas lui avouer, alors j’ai nettoyé l’huile comme je pouvais, y’a pas eu de conséquence et mon père ne s’est aperçu de rien, mais c’était chaud !

Polina s’est pendue à 17 ans, tellement elle était harcelée. Après sa mort, son père a créé un faux compte FaceBook au nom de sa fille, un peu comme s'il voulait la ressusciter, et il écrivait comme si c’était Polina qui rédigeait les messages. Il a demandé ses harceleurs en ami.

Ils ont accepté. Ils ont présenté leurs excuses mais on ne saura jamais comment Polina les a accueillies depuis là-haut. .

Devenir bon pour le plaisir d’être reconnu

Parce que c’est largement plus cool de recevoir un message “Tu m’as sauvé la vie, mec !” plutôt que le prof qui annonce à la classe : “Lucas est mort hier soir”

Ta famille peut être harcelée

Parce que ta soeur ou ton frère se fait peut-être harceler en ce moment-même sans que tu en saches rien, et que tu ne l’apprendras que bien plus tard, quand tu ne pourras plus rien y faire.

Parce que tes propres enfants se feront peut-être harceler à leur tour, faisant de toi cette maman ou ce papa désespéré de ne pas comprendre pourquoi leur fils revient chaque jour de l’école avec des bleus en plus et le sourire en moins.

La vie après s’être fait harceler

Parce qu’il n’y a rien de drôle à rendre quelqu’un malade.

Les harcelés, déjà fragiles à la base, perdent le sommeil et peuvent devenir des timides maladifs qui craignent et haïssent leur vie quotidienne, avec une énorme boule au ventre, vomissant de peur pendant leurs crises de panique, ou qui sombrent dans la dépression à cause du stress invivable qui leur est continuellement imposé.

Leur insoutenable réalité les incite à fuguer, ou se réfugier dans le mutisme, la boulimie, la drogue, l’alcool, l’automutilation.

Une jeunesse innocente mais torturée, laissant des souvenirs si douloureux qu’ils pourront se transmettre à nos propres enfants, leur enseignant ainsi la peur des autres et la violence.

Des cicatrices mentales laides et profondes comme des blessures de guerre.

Dans certains pays, les femmes sont défigurées à l'acide pour que plus personne ne les regarde jamais.

Harceler, c'est défigurer l'esprit à l'acide.